mercredi 3 février 2010

Pourquoi voyager ?

"Lorsque tu voyages, tu fais une expérience très pratique de l'acte de renaissance. Tu te trouves devant des situations complètement nouvelles, le jour passe plus lentement et, la plupart du temps, tu ne comprends pas la langue que parlent les gens. Exactement comme un enfant qui vient de sortir du ventre de sa mère. Dans ces conditions, tu te mets à accorder beaucoup plus d'importance à ce qui t'entour parce que ta survie en dépend. Tu deviens plus accessible aux gens car ils pourront t'aider dans des situations difficiles. Et tu reçois la moindre faveur des Dieux avec une grande allégresse, comme s'il s'agissait d'un épisode dont on doit se souvenir sa vie restante."

Paolo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle



Voyager, c'est "cette maladie fiévreuse qui s'empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu'on ignore, cette angoisse de la curiosité" nous dit Baudelaire.
Qui n'a jamais goûté ce sentiment bizarre, qui, telle une lame nous fend l'âme? Où l'on vit n'est plus là où nos pensées s'acheminent : tout d'un coup, un monde se dessine dans notre esprit. Un monde nouveau, un monde étrange, un monde lointain. Vient alors ce moment où notre courage assassine notre raison et sur nos lèvres se peint un mot, brûlant comme notre désir de fuite : partir. À première vue il traduit notre libération, notre réalisation personnelle. L'imagination nous vainc, l'on s'invente mille et unes histoires merveilleuses et enfin apparaît en filigrane cet endroit : celui où s'est caché notre coeur. Certains chanceux verront alors un lieu réel que Nietzsche a qualifié de ces mots : "Il est un pays qui par une bienveillance singulière de la nature m'offre une plus vive contemplation de moi-même dans les symboles extérieurs. Lieu bénit qui m'enrichit moi-même et que j'enrichis à mon tour de ma ferveur". Faut-il alors réellement partir ? Ou bien garder cette douceur enivrante du rêve éveillé ? Car en tant qu'homme, l'on n'est pas à l'abri d'une déception. Sera-t-elle plus aiguisée que ce glaive qui nous torture, qui nous pousse à nous évader vers ce monde ? Lorsqu'il faudra revenir, les souvenirs pèseront-ils sur notre âme comme autant de regrets ? Ou au contraire sont-ils ce qui l'élèvera, en tant qu'ils seront preuve de notre accomplissement ?

J'aime à me perdre dans ces réflexions au milieu de mes cours d'algèbre linéaire, de chimie organique ou autres joyeusetés des préparationnaires... J'aime à imaginer ce moment où je poserai le pied en cette Terra Incognita : le Viêt Nam... J'aime à rêver de ma réalité quotidienne une fois là-bas... C'est loin, tant dans le temps que dans l'espace, et pourtant c'est enfoui tout près de mon âme : le voyage. Oh bien sûr j'ai peur ! Me retrouver seule, ne pas pouvoir communiquer facilement, ne pas avoir de filets. Mais cette angoisse n'est rien face à celle de ne pas partir.

Bientôt...

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